Le Toilettage de Texte en CP

A quoi ça sert ?

D'abord il est indispensable de savoir que pour apprendre à lire, il faut aussi écrire. 

>Chez Freinet, l'écriture sert bien sûr à apprendre, mais aussi à mettre par écrit sa pensée. 

Produire des écrits personnels c'est être autorisé à penser et à partager sa pensée. La confronter à celle des autres. C'est grandir. 

Au CP, le texte libre évolue beaucoup entre le début d'année (où les élèves sont très peu scripteur et lecteur) et la fin d'année où ils sont capables de produire des petits écrits de manière autonome. 

En début d'année de CP : à quoi ressemble un texte libre de CP : 

• Dictée à l'adulte.

En début d'année il est envisageable de mettre en place la création de textes avec la dictée à l'adulte comme elle se pratique en maternelle. 

Il s'agit de produire un texte individuellement ou collectivement, le professeur joue alors le rôle de (tran)scripteur. 

Le toilettage du texte se fait alors en même temps que la création. 

Plusieurs possibilités :

-Ecrire un texte collectif en dictée à l'adulte sous forme de petit atelier d'écriture.

-Ecrire un texte individuel en dictée à l'adulte mais avec un petit groupe d'enfant. Le groupe se met alors au service de l'histoire d'un camarade. On réfléchit à plusieurs pour le texte d'un camarade. C'est ça aussi la coopération. 

-Ecrire un texte individuel en dictée à l'adulte avec la maîtresse. 

>Pour aller plus loin : cliquez sur l'image suivante.

• Alternance d'encodage et de dictée à l'adulte.

Progressivement, lors de la dictée à l'adulte, je commence à laisser quelques "blancs" matérialisés par un trait. Ces traits signifient que l'enfant peut écrire le mot lui même.

extrait CP septembre 2019. 

Pour plusieurs raisons:

-Le mot est affiché en classe, il peut le retrouver (sur des textes libres de copains affichés au mur, dans des livres ou affiches de classe etc..)

-il est simple à encoder avec les sons qu'il connaît (dans ce cas, au début je demande à l'enfant, "comment tu peux l'écrire ? quels sons tu entends ? " et je l'accompagne pour l'écriture du mot. A sa place, il pourra refaire la même chose dans sa tête tout seul). Il est possible aussi que je laisse un blanc, un trait, et que l'enfant soit capable d'écrire que le début du mot, parce qu'il connaît des références ("garage", c'est comme dans Gaëtan je peux copier sur son étiquette ? etc...)

Avantages

Cette alternance permet de pouvoir différencier selon le niveau des élèves, certains vont être capables d'écrire 2 ou 3 mots d'autre 5 ou 6, d'autres des bouts de phrases.... Chacun son rythme ! 

Parfois, dans leur cahier d'écrivain, il arrive que certains mots reviennent. (Dans ce cas, je regarde et je lui dis "tu vois dans ton texte libre n°4 tu l'as déjà écrit ce mot, peut-être, peux-tu le retrouver ?")

Et puis, en cours d'année : 

• Ecriture en autonomie lors des plans de travail.

Quand on arrive à ce niveau d'expertise, il est alors possible d'envisager le toilettage exactement comme il se déroule en CE1. (voir ICI).

Et après le toilettage en CP ? Comment exploiter tous ces textes ?

Une fois le texte libre écrit en dictée à l'adulte ou individuellement, une fois le toilettage effectué, on réinvestit les textes pour la lecture.

Les élèves volontaires lisent le texte. On entoure les graphèmes déjà vus (pour les fixer encore plus!) des graphèmes pas encore appris mais dont nous avons eu besoin : c'est l'imprégnation des graphèmes.

Parfois on dégage des règles de grammaire (la majuscule, le point, le -s à la fin des mots, les lettres muettes, les majuscules au nom propre, la ponctuation etc...). 

La méthode naturelle c'est ça ! Partir du vécu de l'élève, de ce qu'il a envie de nous raconter et construire des connaissances et des compétences. 

Rien n'est prévu de mon côté, il s'agit d'être habile sur le moment, d'avoir l'habitude de cet exercice et de savoir dégager des apprentissages sur le moment. 

Je n'anticipe pas les graphèmes que nous voyons dans un nouveau texte. Je ne les cache pas non plus. Il n'y a pas de progression en pédagogie Freinet, tout est bon pour apprendre ! 

Et bien sûr, il faut aussi faire confiance aux enfants, ils adorent apprendre, ils adorent découvrir, même s'ils ne mémorisent pas tout ce qui est dit lors de la séance (parce que parfois c'est tellement riche !!!) plus ils y sont confrontés, mieux ils mémorisent mais surtout : ils y mettent du sens parce qu'on en a eu besoin !!

Exemple pratique et concret:

• >Ce matin 1er groupe : CP

Une histoire triste mais qui parle beaucoup à mes élèves de milieu rural ! Je crois que tous mes CP ont vécu cette histoire !
Du côté de la méthode naturelle ce texte a permis de réviser : les sons déjà vus (en orange) on a découvert deux nouveaux sons (en jaune) on a révisé les mots outils (encadrés en vert) on a révisé la majuscule du nom propre ! (Ils ont tous crié quand j'ai demandé comment ce mot commence)

Et une découverte aussi qui est venue des élèves : la liaison " un autre"...

Une séance encore très riche où les élèves sont très très impliqués.